[Félys]

De cette fête j’ai bien souvent entendu parler
Celle où l’on célèbre l’amour, et même l’amitié
Mais je ne la connaissais pas vraiment
Car presque toute ma vie j’ai été seule
Chaque année, février couvrait mon romantisme d’un linceul
Qui se faisait plus lourd avec le poids des ans

Même pour l’enfant que je fus
Trop longtemps mon cœur s’est tu
Là où ma seule amie était la solitude
Car lorsque que les autres ne m’insultaient
Quelquefois ils me frappaient
Cruel est le temps, il en fait une habitude

Le seul homme que j’ai vraiment pu aimer
A partagé ma vie deux ou trois années
Si son corps chez moi faisait présence
Égaré dans un monde médicalisé
Afin d’échapper à sa dépendance
Son esprit brillait par son absence

Au terme d’une longue attente
Venaient de franchir le cap des trente
Les quelques années de mon existence
Quand celui pour qui durant sept ans je ne fus qu’une amie
Est venu à moi, m’offrant son amour et sa vie
Ne sachant alors que m’entendait une autre sentence

Ses faiblesses ne m’étaient pas inconnues
Mais croyant qu’elles étaient vaincues
À cet amour j’ai ouvert mon cœur
Je reçu pour la Saint-Valentin un premier souper
Mais dur fut le lendemain, lorsqu’au visage il m’a frappé
Et que je compris que son sentiment n’était qu’un leurre

Le temps de cette illusion d’amour
Ne dura qu’un moment très court
Et tristesse ou soulagement, c’est très abruptement
Peu après ce merveilleux jour
Où je compris que cet unique souper fut suffisant
Qu’elle prit une fin lâche, virtuellement

La célébration d’une seule fois
Quand bêtement durant la nuit
Après l’amour sur moi il s’endormit
En m’écrasant de tout son poids
C’est alors qu’il sema en moi, bien malgré lui
Le grand germe de la vie

Et maintenant à chaque 14 février
C’est avec impatience que j’attends le petit bricolage
Que je reçois comme le plus grand des hommages
C’est le seul véritable amour que rien ne peut ébranler
Et si cette fête un jour m’offrait d’autres cadeaux
Je sais que jamais il n’y en aura de plus beau.