Voici un test fait par "La vie en vert"
Par Ariane Paré-Le Gal
Émission du 18 mars 2009
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Dès le mois de juin, les moustiques et les mouches noires commencent à nous attaquer et on cherche à se défendre avec des insectifuges. On achète 60 000 kg de ces produits chaque année au Québec. Comment s’y retrouver parmi toute la gamme d’insectifuges offerts sur le marché? Les chasse-moustiques conventionnels sont-ils toxiques? Les produits écolos sont-ils aussi efficaces? Pour le savoir, nous avons demandé à une famille d’inconditionnels du camping de tester pour nous 3 types d’insectifuges pour savoir si les chasse-moustiques écologiques peuvent faire le travail.
Volontaires
Daniel Charrette, Martine Daigneault et leurs 3 filles : Gabrielle (8 ans), Annabelle (7 ans) et Arielle (5 ans).
Test proposé
Mordus du camping depuis une dizaine d’années, Daniel et Martine passent leurs étés à la campagne. Depuis deux ans, ils ont installé leur véhicule motorisé au camping Daoust, à Vaudreuil, en Montérégie. La vie en vert a demandé à Daniel Charette et Martine Daigneault ainsi qu’à leurs trois filles de tester l’efficacité de trois chasse-moustiques alternatifs pendant une semaine.
1. Insectifuge à la citronnelle. Insectifuge Druide à la citronnelle, produit certifié biologique et fait au Québec.
2. Insectifuge à l’eucalyptus citron. Insectifuge Off avec de l’extrait d’eucalyptus citron.
3. Recette maison à base d’huile d’amande douce avec de l’huile essentielle de citronnelle et de cèdre
Habitués à utiliser du OFF pour enfants pour leurs filles et du Muskol pour eux, Daniel et Martine n’ont pas hésité une seconde à troquer leur insectifuge conventionnel pour un insectifuge plus doux, le temps d’un essai. « Il y a beaucoup de moustiques, et nos filles réagissent énormément aux piqûres, mais nous sommes conscients qu’il y a des produits très forts dans les chasse-moustiques qu’on utilise. »
Toxiques, les chasse-moustiques ?
90 % des insectifuges qu’on retrouve sur le marché contiennent du DEET, un agent actif qui repousse les moustiques. Le DEET ne doit pas être confondu avec le DDT, le premier insecticide moderne. Utilisé dans le monde agricole et agent cancérogène reconnu, le DDT est interdit au Canada depuis les années 70. Le DEET, de son côté, est homologué par Santé Canada, qui le recommande en premier lieu comme insectifuge.
Onil Samuel, conseiller à l’Institut national de santé publique du Québec, souligne qu’utilisé adéquatement, le DEET n’est pas dangereux. « L’histoire ne rapporte que très peu de cas de réactions au DEET. Les quelques cas d’intoxication ou de réactions cutanées étaient dus à une utilisation abusive du produit sur des enfants. Tout dépend aussi de la concentration de DEET. Santé Canada permet une quantité maximale de 30 % de DEET dans les insectifuges, mais certains n’en contiennent que 10 %. Utilisé adéquatement, le DEET ne présente pas de danger connu pour la santé, mais il faut se rappeler que le DEET est un produit chimique, et qu’il faut donc essayer d’en utiliser le moins possible. »
Ces produits sont généralement efficaces. Leur durée d’action varie de 6 heures ou moins pour un insectifuge contenant 30 % de DEET et de 3 heures ou moins pour un insectifuge contenant 10 % ou moins de DEET.
Il faut cependant les utiliser avec prudence :
• Choisir un insectifuge contenant 10 % de DEET pour les enfants de 2 à 12 ans, ne pas en appliquer plus de 3 fois par jour
• Utiliser un insectifuge contenant 10 % de DEET pour les enfants de 6 mois à 2 ans, ne pas en appliquer plus d’une fois par jour
• Ne pas en appliquer sur les enfants de 6 mois et moins
Et les chasse-moustiques écolos ?
Tous les insectifuges testés par la famille Charrette sont considérés alternatifs parce qu’ils ne contiennent pas de DEET. Les ingrédients varient d’un produit à l’autre, mais on retrouve de la citronnelle dans 2 des 3 produits.
1. Premier produit testé : la citronnelle
Il y a eu tout un débat entourant l’innocuité de la citronnelle, et certains hésitent encore à l’utiliser bien qu’elle soit encore en vente. « Pour maintenir l’homologation d’un produit, une compagnie doit fournir des tests d’innocuité régulièrement. Or, ces études sont assez dispendieuses à mener et la majorité des compagnies qui produisent des insectifuges à base de citronnelle sont de petites entreprises. Santé Canada a accepté d’accorder un délai supplémentaire pour que les entreprises aient le temps de fournir les tests nécessaires, sans quoi les produits devront être retirés des tablettes. », explique Onil Samuel. « Il n’en demeure pas moins qu’en 50 ans d’utilisation, la littérature ne rapporte aucun cas d’intoxication à la citronnelle ».
Efficacité : 1 heure
Précautions :
• Ne pas appliquer près des yeux ou de la bouche (éviter d’en appliquer sur les mains des jeunes enfants)
• Ne pas appliquer plus de 3 fois par jour sur les enfants de 2 à 12 ans et moins
• Ne pas appliquer sur les enfants de 2 ans et mois
2. Deuxième produit testé : l’eucalyptus citron
L’eucalyptus citron ou le P-Menthane, l’agent actif qu’on retrouve dans cette plante, est homologué depuis 2002 par Santé Canada. Son efficacité est légèrement supérieure à la citronnelle. Santé Canada recommande donc l’utilisation d’insectifuges contenant cette substance, après le DEET.
Efficacité : 2 heures ou moins
Précautions :
• Ne pas appliquer plus de deux fois par jour,
• Éviter d’appliquer sur les enfants de 3 ans et moins,
3. Troisième produit testé : une recette maison
La vie en vert a proposé aux volontaires de tester une recette maison d’insectifuge. Facile à réaliser, elle ne requiert que 3 ingrédients.
• 125 ml d’huile d’amande douce
• 10 gouttes d’huile essentielle de citronnelle
• 10 goutes d’huile essentielle de cèdre.
• Bien mélanger
Efficacité: 2 heures ou moins
Précautions:
Il n’existe pas de recommandations officielles, mais il est préférable d’être conservateur et de ne pas l’appliquer plus de deux fois par jour.
Il existe plusieurs recettes d’insectifuges maison, souvent faites avec des huiles essentielles. Les recettes maison agissent de la même manière que les produits achetés en pharmacie : effet répulsif à cause de l’odeur de l’ingrédient actif et effet barrière à cause de l’huile.
Onil Samuel ne recommande cependant pas de fabriquer son propre insectifuge. « Il y a, sur le marché, beaucoup d’insectifuges efficaces, je ne crois pas que ça vaille la peine de fabriquer son propre chasse-moustiques. Les huiles pourraient rancir et il n’y a pas de recommandation du fabricant sur ce genre de produit.» Cela n’a pas empêché notre famille de le tester.
Les résultats
Au bout d’une semaine, La vie en vert est retournée au camping Daoust, question de savoir si les insectifuges alternatifs fonctionnent vraiment !
L’insectifuge à l’eucalyptus citron n’a pas eu la faveur de la famille Daigneault-Charrette. Même si le produit, qui est offert en crème, est facile à appliquer, Annabelle s’est fait piquer à quelques reprises et les trois filles ont trouvé l’insectifuge un peu collant.
La recette maison, de son côté, a remporté un certain succès : facile à préparer et à appliquer, l’insectifuge maison s’est avéré très efficace. « Comme il est à base d’huile d’amande douce, il rend la peau très douce, a noté Martine, et nous n’avons eu aucune piqûre. »
Finalement, l’insectifuge à la citronnelle a remporté haut la main le test mené par la famille Charrette. Gabrielle, Annabelle et Arielle ont adoré l’odeur, et n’ont eu aucune piqûre de moustique. « Le seul problème, note Daniel, c’est que c’est très huileux. On se sent comme une livre de beurre quand on l’applique. Les filles jouent souvent dans le bois et elles revenaient toutes collées le soir. » Malgré cet inconvénient, le choix de la famille s’arrête sur l’insectifuge à la citronnelle.
Verdict
Devant l’efficacité des produits testés, la famille Daigneault-Charrette s’est dite prête à changer ses habitudes.
Informations complémentaires
Se protéger des moustiques autrement
• Les moustiques sont plus nombreux le matin et le soir
• Porter des vêtements longs
• Les moustiques sont attirés par deux éléments, les odeurs et la chaleur :donc les vêtements pâles attirent moins les moustiques. En contrepartie, le bleu, le noir, le gris et le brun reflètent davantage la chaleur ce qui attire les moustiques. Éviter les parfums : savon, eau de toilette et toutes autres odeurs « propre ».
Les trucs qui ne marchent pas…
• Manger de l’ail
• Manger des bananes
• Prendre de la vitamine B
• L’huile pour le corps Skin So Soft
• Les feuilles d’assouplissant
• Les appareils électroniques…
La défense nationale a fait des tests avec ses hommes sur le terrain sur l’efficacité des chasse-moustiques. Ils ont conclu que la Vitamine B, le Skin So Soft, les appareils à ultrason et le fait de manger de l’ail ne constituaient pas une bonne façon d’éloigner les moustiques.
A-t-on vraiment besoin de chasse-moustiques ?
Aussi dérangeants soient-ils, les moustiques ne représentent pas de gros risques pour la santé, au Québec. Il n’y a eu qu’un ou 2 cas d’infection au virus du Nil en 2007. Par contre, le virus est très présent en Ontario et aux États-Unis. Comme il est difficile d’évaluer l’évolution du virus d’une année à l’autre, Santé Canada recommande de ne pas prendre de risques et d’utiliser un chasse-moustiques lorsqu’on va à l’extérieur. Même chose lorsque l’on voyage dans des pays où la malaria et la dengue sont très présentes.
Sujet : Consommer mieux Prendre soin de soi Préserver la nature
Liens utiles
Tableau d’utilisation des chasse-moustiques du Ministère de la santé et des services sociaux.
http://www.virusdunil.info/index.php?id=127,240,0,0,1,0
Information sur le virus du Nil
http://www.inspq.qc.ca/dossiers/vno/default.asp?DS=VNO
Mythes concernant les insectifuges
http://www.health.gov.on.ca/french/p...epellentf.html