En toute honnêteté, j'ai eu la chance d'avoir une famille et des amis ultra-compréhensifs... Je n'ai jamais vraiment évacué mes feelings, mais mon visage parlait (surtout à ma mère) même si je ne disais rien, elle savait... Mais elle n'a jamais posé de questions et me laissait me livrer à mon rythme... Il y a des choses que j'ai dit ici, qu'elle «ignore» encore... Je le mets entre guillemets parce que je sais que je ne la surprendrais pas en lui arrivant avec ça demain matin...
Dans mon cas, j'avais 19 ans quand ça c'est passé... j'étais en année sabatique et je prévoyais un retour à l'école, je travaillais à temps partiel et je venais de quitter le nid familial... bref, c'était loin d'être le bon moment... cet enfant n'aurait pas manquer d'amour, ça c'est certain, mais un enfant ne vit pas uniquement d'amour et d'eau fraîche... Et c'est ça qui m'a décidé... il aurait manqué de biens d'autres choses et j'aurais passé mon temps à tirer le diable par la queue... je n'aurais pas pu retourné à l'école non plus...
Ça fait déjà 10 ans (en fait, ça a fait 10 ans le 8 octobre dernier) je m'en souviens encore très bien... et même après tout ce temps, il subsiste un petit quelque chose de douloureux... c'est beaucoup moins intense, surtout avec la vie que je mène maintenant, je suis comblée... mais c'est toujours là... je me suis pardonnée, mais je n'ai pas oublié et je n'oublierai jamais cette affreuse journée (même si rationnellement parlant, c'était la bonne décision)
Non, autant pour toi Mamanlou que pour toi Cheri Gege, il y a une partie de vous qui est brisée à jamais et même si la blessure est réparée, il subsistera toujours une cicatrice... et je vous comprends toutes les deux... j'ai un peu l'impression de me revoir... bien que les circonstances et vos raisons soient différentes des miennes, ce n'était pas votre premier choix à vous non plus et vous le regrettez... c'est bien le seul sentiment qu'il faut rationaliser pour ne pas sombrer...
Je ne suis surtout pas là pour vous juger et encore moins pour vous condamner... au contraire, je fais de mon mieux pour vous donner un peu de ce que j'ai reçu... sympathie, compréhension, compassion... je l'ai dit, j'ai eu beaucoup de chance d'être bien entourée et surtout je n'ai pas été jugée par mes proches non plus et personne ne m'a jamais dit «ben là, reviens-en»... Ce n'est pas un choix facile et il faut apprendre à vivre avec... c'est déjà assez cher payer pour la leçon...
Bon courage à toutes les deux:
Mamanlou, c'est encore très vif parce que c'est tout récent... mais il faut prendre le temps qu'il faut... mais ne te fais pas d'illusions non plus, la blessure guérit mais il reste toujours un petit quelque chose... si tu as besoin de jaser, ne te gêne pas... il ne faut pas garder ça en dedans...
Cheri Gege, c'est moins douloureux, mais tu commences à comprendre que ça ne s'efface pas complètement... la cicatrice est là et va y rester... à ceux qui te disent d'en revenir je te dis envoie-les promener
On guérit, on se pardonne, mais il est impossible d'oublier... et la cicatrice réside dans la mémoire... À toi aussi, si tu as besoin de te livrer davantage (puisque tu n'as pas vraiment pu soit à cause des jugements ou du temps passé qui fait en sorte qu'on te dise d'en revenir) ne te gêne pas... moi ça fait 10 ans... je m'en souviens (j'ai même dit la date exacte) et il m'arrive encore d'en parler de temps en temps... gare à celui ou celle qui me dirait d'en revenir... je vais lui faire un dessin! Parce que oui, je me souviens très exactement ce qui s'est passé et de ce que j'ai ressenti à ce moment là...