18/10/2015, 06:17
Voici un petit article interessant tiré de la revue "psychologies" qui traite du sujet.
Gérard Bonnet, psychanalyste et auteur de Défi à la pudeur, quand la pornographie devient l’initiation sexuelle des jeunes (Albin Michel, 2003).
Pourquoi n’êtes-vous pas favorable à l’éducation sexuelle dès la maternelle ?
Gérard Bonnet : Parce que je pense qu’entre 3 et 4 ans surtout, elle doit se faire dans le milieu familial. L’école, qui ne peut prendre en compte la singularité de chacun, est la plus mal placée pour effectuer un travail de transmission. Symboliquement, je trouve déplacé que ce lieu, qui est celui des apprentissages scolaires collectifs, soit aussi celui de l’apprentissage individuel, qui relève de l’intimité. Il est essentiel que très jeune, l’enfant fasse la différence entre le public et le privé, le collectif et l’intime. En revanche, que les enseignants – dans le cadre d’un programme scolaire, comme cela se fait, d’ailleurs – puissent divulguer des informations sur la sexualité, une fois que les parents ont fait leur travail à la maison, me paraît une très bonne chose.
Réserver aux seuls parents l’éducation sexuelle ne risque-t-il pas de pénaliser les enfants dont les parents ont des difficultés à parler de sexualité ?
G.B. : Je ne vois pas dans les différences sociales, religieuses ou même psychologiques, de l’inégalité, mais de la diversité. Cette diversité fait que chacun est à la fois le fruit et l’acteur d’une histoire singulière, dont la sexualité fait partie. Je ne crois pas à l’efficacité d’une parole générale, divulguée à tous. L’enfant se construit avec ce qu’il reçoit de ses parents, leurs mots, leurs gestes, leurs regards, mais aussi leur inconscient. Les messages extérieurs n’ont pas le même poids que ceux de ses parents.
Est-ce que 3-4 ans vous paraît le bon âge pour parler de la sexualité ?
G.B. : C’est bien ce qui me gêne dans cette idée d’éducation sexuelle à la maternelle, la croyance sous-jacente selon laquelle il y aurait un bon âge et un bon discours?! En tant que psychanalyste, je ne peux pas considérer les enfants ni les parents comme des groupes homogènes. Chaque enfant, chaque parent est unique. Certains enfants sont ouvertement demandeurs d’informations sur la sexualité à 3 ans ou même avant, tandis que cette curiosité s’exprimera chez d’autres beaucoup plus tard, et il est essentiel de tenir compte de ces différences. C’est pourquoi il s’agit pour moi d’informer « son » enfant plutôt « qu’un enfant de 3 ans ». L’éducation sexuelle ne se fait pas en une fois, ni en un jour, elle se tisse et s’élabore au fil du temps. À partir de la demande de l’enfant, de son âge, de sa personnalité, et avec les moyens que les parents trouvent les mieux adaptés. Je fais confiance aux compétences des parents. Ne demandons pas à l’école de faire leur travail !
Dernière modification par Azana 18/10/2015 à 06:20.
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