L’abolition du Conseil de la famille et de l’enfance, décrétée par le dernier budget provincial, est loin de faire l’unanimité. Pendant que le gouvernement Charest défend sa décision, la présidente du Conseil s’en désole.
Le Conseil de la famille et de l’enfance fait partie d’une liste d’une trentaine d’organismes qui disparaîtront de l’organigramme gouvernemental afin d’économiser. Dans ce cas, c’est 300 000$ que le gouvernement Charest espère récupérer, selon la présidente de l’organisme.
La clé devrait être mise dans la porte du Conseil de la famille et de l’enfance le 31 décembre prochain, mettant fin à 22 ans d’existence. En plus de conseiller le gouvernement sur la situation et les besoins des familles, l’organisme rédigeait des rapports, le dernier en date traitant de l’engagement accru des pères québécois.
Le Conseil a déjà commencé à plier bagages: sur les onze employés réguliers, seulement deux sont toujours en poste. Trois d’entre eux ont pris des congés de maladie, tandis que six autres ont été transférés ailleurs dans l’administration publique.
La présidente du Conseil, Marie Rhéaume, a été prise de court par l’abolition. «On en avait pas entendu parler, ça été une grosse surprise», explique-t-elle. En poste depuis deux ans, elle croit que son organisme répondait à un besoin. «Le gouvernement dit souvent que la famille c'est sa priorité et on pensait avoir réussi à ce que ce soit le cas.»
Selon elle, le Conseil de la famille et de l’enfance a permis d’amener d’importants dossiers sur la place publique. «La conciliation travail-famille, on a été les premiers à en parler il y a 10 ans», raconte-t-elle.
Marie Rhéaume n’est pas la seule à reconnaître l’importance de son organisation. Au début du premier mandat du gouvernement Charest, la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, avait commandé une évaluation de tous les organismes gouvernementaux. Le rapport, publié en 2006, concluait que le mandat du Conseil de la famille et de l’enfance était toujours pertinent.
La ministre de la Famille Yolande James justifie l’abolition pour des raisons budgétaires. «Ce n'est pas moi qui vais remettre en question le bon travail de Mme Rhéaume et du Conseil, mais on n’a pas le choix, les finances publiques, la situation actuelle font en sorte que la population s'attend à ce qu'on voit comment faire les choses autrement», explique-t-elle.
Pour le critique péquiste en matière de famille, Nicolas Girard, la décision d’abolir le Conseil témoigne d’un problème plus large au sein du gouvernement. «Quand on regarde les révélations des derniers mois au sujet du ministère de la Famille, on voit qu'il y a quelques chose qui ne tourne pas rond, et là on perd de l'expertise pour conseiller le ministère sur les grandes questions», se désole-t-il.
