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Invité
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24/11/2009, 14:35
Savez-vous pourquoi certains enfants s'ennuient à l'école ? Hé bien, c'est parce qu'il y a un grand manque de ressources autant financières qu'humaines.
Je m'explique... je suis enseignante au primaire de formation et j'ai enseigné 4 ans avant de décider de rester à la maison avec mes deux petits. Pour sauver des sous, le gouvernement a augmenté le nombre d'élèves dans les classes. Présentement, c'est 22 pour la maternelle, 24 pour le premier cycle, 27 pour le deuxième cycle et 29 pour le troisième cycle (mes chiffres datent de 2 ans, alors ça a peut-être changé un peu). Dans ce nombre, ce ne sont pas nécessairement des élèves qui sont rendus au même niveau, puisque avec la réforme, il n'y a pratiquement plus d'élèves qui doublent une année. C'est aberrant puisque pour certains, une année de plus à renforcer ses connaissances ferait toute la différence. Il y a trois ans, j'enseignais dans une classe jumelée de 5e et 6e année. J'avais tous les grands de l'école car je travaillais dans une petite école de 93 élèves. Vous ne pouvez même pas vous imaginer comment j'ai du me battre pour qu'un de mes élèves de 5e année redouble, parce que je croyais fermement que cette année de plus serait bénéfique pour lui et qu'il serait ainsi capable de poursuivre son parcours scolaire au régulier par la suite. Il a fallu que je lui monte un dossier béton avec tous ses résultats, des exercices supplémentaires, mes interventions, etc. Je peux vous dire que ça m'a demandé beaucoup d'énergie et que je suis contente de ne pas avoir à le faire pour 1 ou 2 autres élèves. C'est épuisant, et c'est certain que je n'étais pas toujours capable de fournir une tonne d'exercices supplémentaires pour mes plus forts, donc oui, il y avait des fois où ils faisaient du dessin ou qu'ils avaient du temps libre.
Pour en revenir aux ressources, comme j'ai dit plus haut, le ratio élève/enseignant est un peu trop élevé pour le moment. J'ai entendu que le ministère veut le diminuer, mais jusqu'à ce qu'il le fasse vraiment, il faut endurer le surplus. En plus, dans les classes, ils mettent aussi des cas lourds, car ça coûterais trop cher de faire des classes spécialement adaptées aux besoin spécifiques de ces élèves. Ça existe, mais malheureusement, elles sont encore trop peu nombreuses. Donc, en plus de gérer la classe, les élèves et le programme de formation, il faut accorder plus de temps à ces élèves qui ont besoin de plus d'explication, de plus d'encadrement, de plus de motivation. Et qui est là pour nous aider ? Personne !!!
Je me rappelle une année, il a fallu que je choisisse les élèves qui auraient droit à l'orthopédagogie, car il y avait une limite d'élève pour chaque classe. Moi, je ne suis pas formée en adaptation scolaire, alors il me manque des outils pour aider les élèves qui sont le plus en difficulté. À l'université, j'ai reçu une formation en pédagogie pour enseigner à des élèves qui sont capables de bien suivre, pas pour aider ceux qui ont des besoins plus spécifiques. Il y a des lacunes à ma formation à mon avis, mais cela est un autre débat.
Pour terminer, je comprends les parents qui envoient leurs enfants à l'école privée ou dans des écoles à vocations particulières. Ces programmes de formations sont bien montés et sont intéressants pour les élèves. Mais dans la plupart des cas, ces écoles choisissent leurs élèves selon leurs forces (ce qui est correct, car ils doivent être capable de suivre la matière en accéléré). Les autres qui ne sont pas assez forts se retrouvent dans les écoles publiques dans des classes déjà surpeuplées et que les enseignants ne sont pas toujours capables de répondre à leurs besoins.
Alors, avant de juger les enseignants et de tous les mettre dans un même panier, il faut parfois faire preuve d'indulgence à leur endroit. C'est vrai, certains sont vraiment "poches" comme dans tous les corps de métiers. Mais aujourd'hui, les enseignants se retrouvent souvent débordés et sans ressources pour les aider avec les élèves qui ont des plus grands besoins. Et qui écope à ce moment-là ???... souvent ce sont les plus forts qui comprennent la matière, qui n'ont pas de difficultés marquantes et qui sont autonomes. C'est à nous, les parents et premiers éducateurs, à trouver des moyens pour que nos enfants puissent dépasser leurs limites.
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