Fermeture forcée d'une garderie de qualité

[ticastor]

Je commence à trouver pénible l'ingérence de l'État dans les sphères privées...

Pourrait-on faire confiance aux parents et les laisser juger par eux-mêmes, comme des grandes personnes, la qualité d'un service de garde privé?

La garderie Au coin des Pierrots, qui accueillait une dizaine d'enfants à La Prairie, a dû fermer ses portes le 13 décembre dernier parce qu'elle n'avait pas de permis du ministère de la Famille et des Aînés. Nathalie St-Michel, mère de deux enfants qui fréquentent cette garderie, trouve ridicule que le gouvernement «ferme des garderies pour des raisons futiles» alors qu'il n'a toujours pas créé les 18 000 places qu'il avait promises en 2010.

Le ministère de la Famille avait avisé dès le mois de décembre 2009 la propriétaire de la garderie, Chantale Deslippe, que, à titre de garderie en milieu familial, elle ne pouvait accueillir plus de six enfants. Si elle voulait continuer d'en recevoir une dizaine, elle devait se conformer aux exigences ministérielles.

Québec demandait entre autres choses à Mme Deslippe de faire plusieurs modifications à sa maison. «Ça m'aurait coûté 30 000$ de rénovations. Et ce n'est pas certain que la Ville m'aurait accordé un permis. J'ai plutôt commencé à chercher un autre local», témoigne Mme Deslippe, éducatrice formée qui travaille en garderie depuis plus de 25 ans.

Mais selon elle, il y a très peu de locaux intéressants dans son secteur. «Je ne veux pas m'installer dans un centre commercial et que les enfants n'aient pas de terrain gazonné pour jouer», dit Mme Deslippe.


Les mois se sont écoulés. La propriétaire n'a pas trouvé de local. Le 3 décembre, les parents ont reçu une lettre de Québec leur disant que leur garderie serait fermée dès le 13 décembre. Les parents ont écrit au Ministère pour lui demander de repousser la fermeture, sans succès. Le jour dit, des inspecteurs se sont présentés à la garderie et ont informé les parents de la fermeture. Ils ont expliqué que Mme Deslippe s'exposait à des amendes si elle continuait d'exploiter sa garderie.

«Nos enfants ne sont pas en danger. Pourquoi y a-t-il urgence? Il n'y a pas d'autres places dans le coin où l'on peut envoyer nos enfants. Que voulez-vous qu'on fasse? demande Mme St-Michel, outrée. Le gouvernement avait promis d'ouvrir dès l'an passé un CPE (centre de la petite enfance) de 60 places à La Prairie. On l'attend toujours. Au lieu de redoubler d'efforts pour fermer des garderies où les enfants ne sont pas en danger, le gouvernement devrait s'efforcer de créer de nouvelles places!»

Selon les dernières données, il manque toujours 6500 des 18 000 places promises par le gouvernement pour 2010.

Patrick Gibeau, dont les deux enfants fréquentent la garderie Au coin des Pierrots, estime lui aussi que Mme Deslippe devrait avoir un sursis. «C'est dur de trouver des places en garderie. Ma fille est sur les listes des CPE depuis quatre ans! Trouver une place pour deux enfants, c'est impossible.»

Mme Deslippe affirme avoir fait une offre d'achat lundi sur un immeuble de son secteur. «J'espère que ce sera accepté et que tout va se régler», dit-elle.

Personne n'était disponible, hier, au ministère de la Famille, pour commenter le dossier. La garderie Au coin des Pierrots a été fermée presque en même temps que la garderie Système Montessori chez Denise, à Morin Heights, qui accueillait une trentaine d'enfants de 3 à 5 ans sans le permis du Ministère.

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