Bonjour,
J'écris surtout pour avoir votre impression, pour savoir si j'ai raison de m'en faire ou si je fais une montagne de pas grand chose.
Ce sera un peu long, car la situation est un peu compliquée, désolée!
Longue histoire courte: Un petit est chez moi depuis deux ans. Il est arrivé à l'âge de trois ans. Il à toujours démontré des signes d'anxiété et d'insécurité: anxiété de séparation (qui s'observe encore le matin), des pleurs, se dandine, froisse son chandail de ses mains, respire fort, hésite quand il parle. Tout ça s'observe dans les situations qui demandent de savoir s'adapter, d'être autonome ou celles qui sont imprévisibles (aller prendre une marche, mais il ne trouve pas sa casquette immédiatement, apprendre à faire son lit seul, se vêtir seul, admettre sa part de responsabilité dans un conflit).
En général, c'est un enfant agréable (comme nous souhaitons toutes en avoir dans notre garderie!) et ses parents sont très gentils, une famille formidable. Depuis plusieurs mois, le petit semble avoir développé une anxiété importante en lien avec la peur de faire pipi au lit lors de la sieste. Mais il ne fait pas pipi, il reste au sec. Il semble s'être convaincu qu'il aurait des accidents. C'est une roue qui tourne. Sa pensée est concentrée sur ça pendant toute la sieste depuis plusieurs mois, et je crois que maintenant, quand il lui arrive de faire pipi au lit (très rarement), c'est parce qu'il ne pense qu'à ça. Je suis pas mal certaine que j'arriverais moi-même à faire pipi au lit si mes pensées étaient centrées là-dessus depuis plusieurs mois! Ses parents ont consulté un pédiatre, selon qui, le problème n'est ni physiologique, ni signe d'infection.
Je vous épargne mes démarches pour l'aider et la description de mes interventions durant la sieste etc. Ce serait trop long et ce n'est pas l'objet du message
Bref, des les premières observations, j'ai demandé l'aide des parents afin d'accompagner l'enfant et de l'aider dans sa difficulté. Les parents n'ont jamais été réceptifs, ils me donnaient surtout des excuses et des raisons, me sortant même des citations de «grands psychiatres» sur le développement du cerveau de l'enfant (vous voyez le genre). Comme si je ne connaissais rien, et qu'eux, parents d'un enfant, en savait plus et avaient beaucoup plus de connaissances. Donc, selon eux, leur enfant allait bien puisqu'en famille, il ne démontrait aucun signe d'insécurité. Ils ne m'appuient donc pas dans mes démarches. Ils favorisent à peine le développement de son autonomie. Ils ont une façon «mère poule» de l'éduquer, selon les standards québécois, bien sûr.
Encore une fois, je laisse faire les explications que je leur ai donné à ce sujet.
Cette semaine, le petit à atteint un niveau de panique que je considère extrème, durant la sieste. Il lui arrivait de pleurer, mais là, il s'est mis à hurler et à frapper son matelas de ses pieds. Il hurle qu'il doit aller faire pipi, mais quand il le fait, ce ne sont que des gouttes. Sa vessie est vide! Il fait pipi jusqu'à huit fois entre 8h30 et 13h30 dont deux ou trois dans les quinze minutes qui précèdent la sieste. Alors, non seulement ce comportement est traumatisant pour les autres petits (ils ont les yeux tout grand ouverts quand j'arrive et semblent avoir peur), mais vous imaginez dans quel état est le petit? J'ai communiqué une dernière idée d'intervention aux parents, mais avant même d'avoir eu toutes les explications, ils m'ont dit qu'ils étaient contre. Je dois leur parler par téléphone aujourd'hui.
Ce qui m'amène (enfin!) au sujet de ce message. JE SUIS À BOUT!

Ha! Ha! Je le dis en riant, car dans ce travail, on vit des situations pas facile, nos nerfs sont souvent mis à l'épreuve et ça fait partie de la «game». Mais je crois qu'il y a des limites. Émotionnellement, je n'en peux plus de voir souffrir cet enfant, ça brise le coeur. J'en suis rendue à ne plus aimer le moment de la sieste, que je vois venir avec crainte, car je sais qu'il sera émotif et que moi, je serai retournée. Puis il y a la pression des autres parents, qui ont beau être patients, ils ont aussi leurs limites.
Donc, ce contrat se termine dans un mois. J'attends de savoir s'ils vont renouveller. J'ai renouvellé l'an passé, malgré les avertissements de ma «petite voix intérieure» et malgré les conseils d'une amie éducatrice. Le petit commence l'école en septembre.
Est-ce que je fais une montagne en affirmant que cet enfant à un besoin immédiat d'aide psychologique? De trouver que ça a duré trop longtemps et que ses nerfs sont sur le point de lâcher si ses parents n'interviennent pas? Est-ce que je devrais me sentir coupable de ne pas vouloir prolonger son contrat pour l'été?
Si vous avez lu tout ça, vous êtes «hot»! Merci.